Histoire de deux acquisitions remarquables au SCD de l’université Lille 3.
Les sciences de l’Antiquité forment un secteur d’acquisition documentaire dynamique à l’université Lille 3. Les études sur le Proche-Orient ancien, en particulier, sont achetées de manière importante et régulière. Ce billet est consacré plus spécifiquement à deux acquisitions récentes et emblématiques ayant pour sujet les bas-reliefs néo-assyriens de Ninive
Sommaire
- Le Proche-Orient ancien dans le fonds du Service commun de la documentation de Lille 3
- Un ouvrage rare dans les collections françaises
- Les sculptures du palais sud-ouest de Sennacherib
- À la recherche de la « grande ville » de Ninive
- La fouille de Ninive et la découverte des bas-reliefs néo-assyriens
- La documentation sur l’histoire et l’archéologie de l’époque néo-assyrienne à Lille 3
- Le SCD de Lille 3 : un fonds documentaire exceptionnel en France pour la recherche et l’enseignement sur le Proche-Orient ancien
- Annexes
- Description bibliographique des deux ouvrages présentés
- Bibliographie sélective sur l’époque néo-assyrienne (en français)
- Crédits photographiques et remerciements
Le Proche-Orient ancien dans le fonds du Service commun de la documentation (SCD) de l’université Lille 3
Le SCD de l’université Lille 3 (direction Isabelle Westeel) s’efforce depuis de nombreuses années de constituer des collections documentaires de référence en appui de l’enseignement et de la recherche conformément à ses missions. Emblématique de cette volonté, le fonds d’excellence en histoire, archéologie et civilisation du Proche-Orient ancien est désormais le fonds le plus conséquent tant en qualité qu’en volumétrie accessible au nord de Paris et l’un des plus importants de France avec Paris, Lyon et Strasbourg. En effet le Service commun de la documentation a pu bénéficier de l’acquisition, en 2009, de la bibliothèque de Léon De Meyer (1928-2006), assyriologue et ancien recteur de l’université de Gand, riche de plus de 1000 volumes. Une journée d’études a ainsi eu lieu le mercredi 23 octobre 2013 « Autour du fonds Léon De Meyer. Recherches belges et françaises sur la Mésopotamie », organisée par le laboratoire HALMA-IPEL − UMR 8164 (Lille 3, CNRS, MCC) avec le soutien de l’Institut universitaire de France (IUF). Cela traduit pleinement le rôle et l’attractivité scientifique joués par un fonds documentaire d’excellence. Il apparaît donc intéressant de relater ici les coulisses de constitution d’une telle collection de référence. Produit de la rencontre et de la complémentarité entre enseignants-chercheurs et conservateurs de bibliothèques, elle se nourrit également d’une bonne dose de professionnalisme et d’un soupçon de chance.
Pour illustrer notre propos, appuyons-nous sur deux acquisitions récentes venues enrichir en 2014 le fonds sur le Proche-Orient ancien présent au SCD, acquisitions que la triste actualité des destructions des vestiges archéologiques au Proche-Orient, notamment en Irak, met d’autant plus en valeur1.
Un ouvrage rare dans les collections françaises
Attardons-nous tout d’abord sur un livre rare, absent jusqu’à présent des collections françaises. L’ouvrage Sculptures from the North Palace of Ashurbanipal at Nineveh (668-627 B.C.) de Richard David Barnett a été publié aux presses du British Museum en 1976 [Notice bibliographique]. De grand format In-plano (20×16 pouces, soit 51×41 cm), il est protégé par une couverture en tissu rouge (fig. 1 & 2). L’ouvrage a la caractéristique de comporter de nombreuses reproductions par photogravure (procédé photographique permettant d’obtenir des planches gravées utilisables pour l’impression typographique) des sculptures du palais d’Assurbanipal à Ninive réparties dans différents grands musées et collections de la planète.
Il existe bien une version numérisée de cet ouvrage réalisée par l’université de Stony Brook, USA, autorisant la consultation en ligne, soit sous format plein texte, soit sous format PDF téléchargeable, mais cela ne remplace en rien l’intérêt de disposer d’une version imprimée accessible aux étudiants et aux chercheurs. Version numérique : URL : http://digital.library.stonybrook.edu/cdm/ref/collection/amar/id/146087 (consulté le 20 mai 2015).
Cet ouvrage constitue la publication complète de tous les bas-reliefs néo-assyriens du palais Nord du grand roi néo-assyrien Assurbanipal (669/668-627 av. J.-C.) (fig. 3), qui ne fut dégagé que partiellement lors des fouilles archéologiques au XIXe s. Si beaucoup des bas-reliefs découverts lors de ces fouilles sont entrés dans les collections du British Museum, l’intégralité de ceux-ci ne s’y trouve pas. Beaucoup ont été acquis ou donnés à d’autres musées ou collections (une trentaine au total). Ce livre réunit commodément l’ensemble de ces bas-reliefs en les confrontant aux dessins faits sur le terrain au XIXe s. R.D. Barnett tente aussi de reconstituer leur emplacement original. Il a notamment publié les dessins originaux faits sur le terrain par William Boutcher (très précieux pour les bas-reliefs qui ont été perdus) avec les bas-reliefs originaux qui sont présentés sous forme de photos en noir et blanc (fig. 4). C’est donc un ouvrage essentiel pour l’étude de l’art néo-assyrien.
Histoire (presque) rocambolesque d’une acquisition hors du commun
L’achat d’un tel ouvrage ne relève pas tout à fait du hasard. Elle est le fruit d’une réactivité et d’une synergie entre un enseignant-chercheur et la Bibliothèque universitaire centrale. Considéré comme un outil scientifique de premier plan, l’enseignant-chercheur a mis en place une veille scientifique spécialisée afin de repérer la documentation de son domaine indispensable à ses travaux de formation et de recherche. C’est ainsi qu’il transmet très régulièrement au conservateur référent en Histoire des listes bibliographiques détaillées pour acquisition chez notre prestataire en charge de la fourniture de livres étrangers.
De son côté, le conservateur référent est également vigilant sur toutes les parutions du domaine. Annuellement, 10 % du budget Histoire est consacré au développement de ce fonds documentaire qui s’inscrit dans le projet de Learning Center Archéologie/Égyptologie/SHS. Mais l’ouvrage dont nous parlons échappe en grande partie à cette logique car, en l’occurrence, il s’agit d’un livre que l’on peut qualifier de rare et précieux.
Et pour cause, publié en 1976 par le British Museum, il n’a connu depuis aucune réédition permettant de le trouver sur le marché du livre neuf. C’est donc par une veille attentive que sa disponibilité chez un libraire d’occasion a pu être repérée et encore a-t-il fallu s’y reprendre à deux fois pour l’acquérir. Apparu tout d’abord chez un libraire d’occasion en ligne avec un ensemble d’autres documents, l’ouvrage est parti finalement avec toute la série dans un pays du Golfe arabo-persique… Par chance, peu de temps après, un deuxième exemplaire fait surface chez un libraire londonien. Photos à l’appui (permettant de constater un état satisfaisant du document), la décision a été prise, après rapide concertation, de procéder à son acquisition.
Quelques impondérables administratifs
Au vu de l’attractivité du document, il nous est impossible de passer par le prestataire du marché de livres étrangers qui n’est d’ailleurs pas fondé à nous fournir les livres rares et précieux mais seulement ceux disponibles chez les éditeurs traditionnels. Les échanges et la réservation s’effectuent par courrier électronique avec le libraire londonien. Celui-ci accepte heureusement de nous transmettre le document avant d’être payé par mandat administratif, le SCD ne disposant pas de régie d’avance ni de carte bleue rattachée à celle-ci. Il faut ensuite obtenir les documents administratifs réglementaires : RIB nouveau format européen, raison sociale de la librairie… Restait encore à créer le fournisseur puis à ordonner le paiement. Dérogatoires à plus d’un titre, les conditions et le prix d’achat (un peu plus de 900 euros) ont nécessité la mise en œuvre de cette procédure exceptionnelle.
L’arrivée du document et son entrée dans les collections du SCD
Une fois l’ouvrage réceptionné, il restait à déterminer sa cote, c’est-à-dire son adresse physique. Fallait-il lui attribuer une cote correspondant à l’archéologie (commençant par les lettres ZB) ou lui attribuer une cote réserve moderne (débutant par 002) ? Après échanges entre collègues, c’est finalement cette dernière option qui a été retenue du fait de sa rareté et de sa préciosité. L’ouvrage, avec la cote 002.704, a donc gagné la réserve moderne, emplacement de conservation du magasin dédié aux ouvrages rares et précieux dont la date d’édition est postérieure à 1811. Pour ces ouvrages, la communication s’effectue uniquement au 2e étage de la bibliothèque universitaire centrale sur présentation d’une carte de lecteur.
Le document est désormais disponible pour la consultation et le prêt à des institutions pour de futures expositions par exemple. Il a été ainsi mis en valeur dans le cadre de l’exposition qui s’est tenue du mardi 7 avril au jeudi 7 mai 2015, à la Bibliothèque universitaire centrale de Lille 3 sur « Les écritures cunéiformes au Proche-Orient ancien » organisée par le Learning Center Archéologie/Égyptologie/SHS.
Les sculptures du palais sud-ouest de Sennacherib
Complémentaire de celui-ci, un autre document rare a rejoint aussi en 2014 les collections de la Bibliothèque des sciences de l’Antiquité (BSA), grâce au soutien de l’équipe HALMA-IPEL (désormais HALMA – UMR 8164). Il s’agit de l’ouvrage Sculptures from the Southwest palace of Sennacherib at Nineveh, publié à Londres en 1998, par British Museum Press, en deux volumes, et rédigé par le même auteur, Richard David Barnett, associé à Erika Bleibtreu et Geoffrey Turner (fig. 5) [Notice bibliographique]. Il faut noter que l’initiateur de ce projet, R.D. Barnett, ne put voir son achèvement du fait de sa disparition en 1986.
C’est en quelque sorte le complément du premier ouvrage évoqué ici sur les sculptures du palais Nord d’Assurbanipal. En effet, 23 ans après la publication de celui-ci, ce livre avait l’ambition de présenter l’ensemble des sculptures de l’autre palais de l’acropole de Ninive, le palais sud-ouest, reconstruit par Sennacherib (704-681 av. J.-C.), le grand-père d’Assurbanipal. Il s’agit du fameux « Palais sans rival » (en akkadien : ekallu ša šânina lâ išû). Le principe qui a présidé à l’élaboration de ce volume est le même qu’en 1976 : permettre d’avoir une vue d’ensemble de la décoration de ce palais qui fut occupé aussi par Assurbanipal. Il faut noter que les différents bas-reliefs découverts sont désormais dispersés à travers une soixantaine de musées et collections du monde entier. Cet ouvrage est donc aussi essentiel pour en avoir une vision d’ensemble.
À la recherche de la « grande ville » de Ninive
Ces deux livres sont liés à la redécouverte des civilisations perdues de l’Orient ancien au XIXe s. par les chercheurs occidentaux, et notamment celle de la ville de Ninive qui était évoquée de la manière suivante par le roi Sennacherib :
« Ninive, la métropole suprême aimée d’Ishtar, où l’on accomplit tous les rituels des dieux et des déesses, fondation éternelle, installée pour toujours, dont le plan a été dessiné de toute éternité dans les constellations où son agencement est manifeste, lieu raffiné, demeure de mystère où l’on étude les arts les plus consommés, tous les cultes et les secrets de l’océan cosmique … » (traduction LACKENBACHER 1990, p. 22).
L’empire néo-assyrien a été la plus grande puissance du Proche-Orient pendant la première moitié du Ier millénaire av. J.-C. À partir de l’Assyrie, région d’Irak du Nord, les souverains assyriens ont progressivement créé un empire s’étendant sur presque tout le Proche-Orient, du Zagros au Levant, et intégrant même une partie de l’Égypte au VIIe s. av. J.-C. À partir du règne de Tiglath-Phalazar III (745-727 av. J.-C.), les conquêtes assyriennes deviennent permanentes et les territoires conquis sont divisés en provinces sous l’autorité d’un gouverneur nommé par le pouvoir central. Pourtant cet empire gigantesque imposé par la guerre disparut brutalement sous les coups conjugués des Babyloniens et des Mèdes. Ninive fut la dernière grande capitale de l’empire néo-assyrien (750 hectares d’extension maximale, 12 kilomètres de remparts) ; sa chute en 612 av. J.-C. en marque la fin.
Petit à petit la localisation exacte de la ville, située sur la rive gauche du Tigre, en face de l’actuelle Mossoul, fut oubliée bien que le souvenir en ait été gardé, notamment à travers la Bible, où l’on trouve par exemple l’épisode fameux de Jonas que Dieu envoie convertir Ninive. Le nom du site de Tell Nebi Yunus (« La colline du prophète Jonas ») en atteste puisqu’elle aurait abrité, selon certaines traditions, le tombeau de ce prophète avant qu’il ne soit détruit en 2014.
Il a fallu attendre l’arrivée des archéologues occidentaux au XIXe s. pour qu’une identification assurée de la ville soit possible et que la civilisation qu’elle représentait soit redécouverte.
La fouille de Ninive et la découverte des bas-reliefs néo-assyriens
Les premières fouilles sur le site de Ninive, sur le tell de Kuyunjik (ou Quyundjiq ; en turc « petit mouton »), une des deux collines qui se trouvent à l’intérieur des murs de l’ancienne capitale néo-assyrienne, ont été menées en 1842 par Paul-Émile Botta alors consul de France. Cependant les résultats ne furent pas probants et il partit fouiller Khorsabad avec le succès que l’on sait. Botta croyait toutefois que ce dernier site était à identifier à l’antique Ninive (d’où le titre de son imposant ouvrage en cinq volumes Monuments de Ninive, paru en 1849-1850) alors qu’il s’agissait en réalité de l’antique cité de Dûr-Sharrukîn (« Citadelle de Sargon »), nouvelle capitale fondée par le roi Sargon II (721-705 av. J.-C.). C’est un anglais, Austen Henry Layard (1817-1894), qui, reprenant la fouille du tell de Kuyunjik en 1847, identifia correctement le site avec l’antique Ninive. Il y fouilla jusqu’en 1851 avant d’être remplacé par Hormuzd Rassam (1826-1910), un catholique chaldéen originaire de Mossoul. Par la suite, d’autres missions de fouilles anglaises puis irakiennes à partir des années 1950 eurent lieu. La dernière mission régulière fut celle de l’université de Californie, Berkeley (dirigée par David Stronach), à la fin des années 1980, fouilles qui furent interrompues par le début de la première guerre du Golfe en 1991.
Les découvertes anglaises au XIXe s. furent les plus spectaculaires. Ils dégagèrent la « bibliothèque d’Assurbanipal » qui livra plus de 30 000 tablettes cunéiformes et fragments, conservés au British Museum. Parmi ceux-ci se trouvait une tablette fragmentaire rapportant un récit du Déluge très proche de celui de la Genèse, dont la publication en 1872 par l’assyriologue George Smith fit grand bruit. L’étude de ces tablettes est toujours en cours notamment au sein d’un grand projet de publication initié par le British Museum.
Dans le domaine de la sculpture assyrienne, la découverte des bas-reliefs décorant les salles des palais des rois assyriens fut exceptionnelle, comme le montrent les fameuses chasses aux lions d’Assurbanipal du palais Nord (fig. 6). Dans le palais Sud-Ouest de Sennacherib, plus de 70 salles étaient décorées ainsi, dans le but d’exalter la puissance royale. Il s’agit de ce que l’on nomme des orthostates, dalles d’albâtre gypseux (appelé aussi « marbre de Mossoul ») qui étaient plaquées contre les murs de certaines salles des palais royaux, les hauts-fonctionnaires devant se contenter de peintures murales. Si ces bas-reliefs nous sont parvenus majoritairement dépourvus de couleurs, il faut néanmoins les imaginer très colorés (fig. 7). En effet, ceux-ci étaient peints de rouge, noir et bleu principalement. Ils étaient également accompagnés de taureaux ou de lions colossaux à têtes humaines. Il s’agissait de gardiens de portes chargés de repousser à l’extérieur le Mal.
L’étude des sculptures de Ninive demeurées en Irak
Les sculptures restées en Irak n’avaient pu être étudiées par les auteurs et n’avaient pas été intégrées dans le deuxième ouvrage présenté ici (Barnett et al. 1998). Elles ont été traitées dans le livre de John Malcolm Russell, The Final Sack of Nineveh. The Discovery, Documentation, and Destruction of King Sennacherib’s throne Room at Nineveh, Iraq, New Haven : Yale University Press, 1998 (BUC : ZB 26053). L’auteur y a notamment adjoint les sculptures présentes dans les cours H et VI et les salles I, III, IV et V.
La documentation sur l’histoire et l’archéologie de l’époque néo-assyrienne à l’université Lille 3
Avec ces achats récents, le SCD de l’université Lille 3 dispose de deux volumes essentiels pour l’étude des bas-reliefs néo-assyriens trouvés dans les deux palais de l’acropole de Ninive. Mais le fonds documentaires de Lille 3 ne se limite pas à ces seuls ouvrages pour l’histoire et l’archéologie de l’empire néo-assyrien. L’exemple des publications issues du Neo-Assyrian Text Corpus Project (NATCP), lancé en 1986 par l’Académie de Finlande à Helsinki et dirigé par Simo Parpola, est tout à fait significatif en ce domaine. Ainsi le SCD possède l’intégralité des collections suivantes : State Archives of Assyria (20 volumes parus depuis 1987), State Archives of Assyria. Bulletin (19 volumes parus depuis 1987 ; un vingtième est actuellement en préparation ; BUC : ZB-P 51450-1-…), State Archives of Assyria. Cuneiform Texts (10 volumes parus depuis 1997), State Archives of Assyria. Studies (23 volumes parus depuis 1992), sans oublier The Prosopography of the Neo-Assyrian Empire (6 volumes parus depuis 1998 ; BSA : OA 6, 69-1 à 3-2), l’atlas néo-assyrien édité par Simo Parpola et Michael Porter, The Helsinki Atlas of the Near East in the Neo-Assyrian Period (paru en 2001 ; BUC : ZB-P 50213) ou le dictionnaire de néo-assyrien édité par Simo Parpola (Assyrian-English-Assyrian Dictionary paru en 2007 ; BUC : 492.13 ASS).
Dans le domaine de l’archéologie, le SCD de Lille 3 possède une des rares copies du célèbre ouvrage de Victor Place sur le résultat des fouilles au XIXe s. d’une autre capitale néo-assyrienne, l’ancienne Dûr-Sharrukîn (Khorsabad), fondée par Sargon II (721-705 av. J.-C.) ; intitulé Ninive et l’Assyrie, il est paru en trois volumes à Paris entre 1867 et 1870 (BUC : 9010-3). Les résultats des fouilles de Nimrud (l’ancienne Kalhu, la Calah de la Bible) sont aussi présents à Lille 3 avec l’ouvrage de Max Mallowan, Nimrud and its Remains, Londres, 1966 (BSA : OA 17, 302-3, ouvrage acquis grâce à l’équipe HALMA) ou la série de publications des ivoires néo-assyriens (Ivories from Nimrud, 7 volumes parus depuis 1967). Enfin les fouilles d’Assur (Qala’at Sherqat), la capitale religieuse de l’empire néo-assyrien, étudiée systématiquement à partir de 1903 par les archéologues allemands, sont bien représentées aussi dans les collections du SCD. Parmi les publications récemment acquises, on peut citer l’ouvrage d’Evelyn Klengel-Brandt, Die neuassyrische Glyptik aus Assur, Wissenschaftliche Veröffentlichungen der Deutschen Orient-Gesellschaft 140, Wiesbaden, 2014 (BUC : ZB-G 45385). D’autres livres plus anciens sont présents comme la première édition de la synthèse du fouilleur d’Assur, Walter Andrae, Das wiedererstandene Assur, parue en 1938 à Leipzig (BUC : ZB-P 50906). Tout cela ne constitue qu’un échantillon des publications sur l’époque néo-assyrienne, ou plus généralement sur le Proche-Orient ancien, disponibles à Lille 3.
Le SCD de Lille 3 : un fonds documentaire exceptionnel en France pour la recherche et l’enseignement sur le Proche-Orient ancien
Le fonds documentaire sur le Proche-Orient ancien à Lille 3 ne se limite pas, et de loin, à la période néo-assyrienne. En effet, il compte actuellement parmi les plus riches de France et est unique dans le Nord de la France. C’est un fonds vivant grâce aux acquisitions régulières du SCD (Bibliothèque centrale et BSA), de l’équipe HALMA (UMR 8164) et aux contributions exceptionnelles de l’Institut universitaire de France (2010-2015) et de la Région Nord-Pas de Calais grâce au projet du Learning Center Archéologie/Égyptologie/SHS (2010-2012), sans oublier des dons ponctuels comme celui de Marc Haumesser (agrégé et enseignant d’allemand à Lille 3) qui a généreusement donné à la BSA une série d’ouvrages dans le domaine des langues orientales (hittite notamment). Ceux-ci appartenaient à son père (enseignant au lycée) qui s’intéressait aussi aux langues slaves.
La constitution d’un fonds documentaire d’excellence est une œuvre de longue haleine, qui nécessite un soutien et un investissement sur le long terme. La dynamique initiée grâce à l’aide de ces différents acteurs est à considérer comme un atout conséquent à côté d’un enseignement dans le domaine rare de l’histoire et de l’archéologie du Proche-Orient ancien. Cet enseignement est dispensé par deux enseignants-chercheurs, Brigitte Lion, PR et Denis Lacambre, MCF, dans le cadre d’un cursus LMD mais aussi au sein d’un Diplôme Universitaire de Formation en Langues (DUFL) d’Akkadien. Dans un paysage universitaire en pleine recomposition, l’université Lille 3 affirme ainsi sa spécificité dans le domaine du Proche-Orient ancien.
Annexes
Description bibliographique des deux ouvrages présentés
Titre : Sculptures from the North Palace of Ashurbanipal at Nineveh (668-627 B.C.).
Auteur : Richard David BARNETT
Collation : XV + 5 pl. + 75 p. ; Planches I-LXXII + A-F.
Éditeur : British Museum Publications, Londres.
Date d’édition : Octobre 1976.
ISBN 10 : 0-7141-1046-9.
ISBN-13 : 978-0-7141-1046-2.
Cote : BUC (Réserve moderne) : 002.704.
Titre : Sculptures from the Southwest Palace of Sennacherib at Nineveh.
Auteur : Richard David BARNETT, Erika BLEIBTREU & Geoffrey TURNER ; avec les contributions de Dominique COLLON, A.P. MIDDLETON, T.C. MITCHELL et Ann SEARIGHT.
Collation : 2 volumes (159 p. + 1 plan dépl. ; 521 pl.).
Éditeur : British Museum Press, Londres.
Date d’édition : 1998.
ISBN : 0-7141-1126-0.
Cote : BSA : OA 12, 137-2 et OA 12, 137-2.
Bibliographie sélective sur l’époque néo-assyrienne (en français)
Tous ces livres sont disponibles au SCD de l’université Lille 3.
- ARNAUD, Daniel : Assurbanipal, roi d’Assyrie, Paris : Fayard, 2007. BUC : 935 ARN
- FALES, Frederick Mario : Guerre et paix en Assyrie. Religion et impérialisme, Collection Les conférences de l’École Pratique des Hautes Études, Paris : Édition du Cerf, 2010. BUC : 935 FAL
- GARELLI, Paul & LEMAIRE, André : Le Proche-Orient asiatique. Tome 2. Les empires mésopotamiens, Israël, Collection Nouvelle Clio, Paris : Presses universitaires de France, 2001 (4e édition corrigée). BUC : 909 NOU G
- JOANNES, Francis : La Mésopotamie au Ier millénaire avant J.-C., Collection U. Histoire, Paris : Armand Colin, 2000. BUC : 935 JOA ; BSA : OA 12, 12
- JOANNES, Francis (éd.) : Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Collection Bouquins, Paris : Robert Laffont, 2001. BUC : 935 DIC, ZB-P 50623 ; BSA : OA 12, 14
- LACKENBACHER, Sylvie : Le Palais sans rival. Le récit de construction en Assyrie, Collection Textes à l’appui/Histoire classique, Paris : La Découverte, 1990. BUC : 935 LAC ; BSA : OA 10, 3
- LARSEN, Mogens Trolle : La conquête de l’Assyrie : 1840-1860. Histoire d’une découverte archéologique, Paris : Hachette littératures, 2001. BUC : ZE 37474
- LAYARD, Austen Henry : Les ruines de Ninive : comprenant le récit d’un voyage chez les chrétiens chaldéens du Kurdistan, et les Yezidis, ou Adorateurs du Diable, Collection UNESCO d’œuvres représentative, Paris : Errance – UNESCO, 1999 (1re éd. : 1849). BUC : 935 AUS
- MALBRAN-LABAT, Florence : L’armée et l’organisation militaire de l’Assyrie d’après les lettres des Sargonides trouvées à Ninive, Collection Hautes études orientales 19, Genève : Droz, 1982. BUC : ZB 25338
- PARROT, André : Ninive et l’Ancien Testament, Cahiers d’archéologie biblique n° 3, Neuchâtel & Paris : Delachaux & Niestlé, 1955 (2e éd.). BSA : 22 B 16
- SENCE, Guillaume : Les bas-reliefs des palais assyriens. Portraits de rois du Ier millénaire av. J.-C., Collection Archéologie et culture, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2014. BUC : 935 SEN ; BSA : OA 10, 8)
- TALON, Philippe : Annales Assyriennes. D’Assurnasirpal II à Assurbanipal (2 volumes), Fernelmont : E.M.E., 2011. BUC : ZB-P 51514-1 et ZB-P 51514-2
Crédits photographiques et remerciements
Nous remercions chaleureusement Thomas Nicq (photographe scientifique, HALMA-UMR 8164) pour avoir pris les photos des deux ouvrages présentés ici.
- Figure 1 : Les deux ouvrages sur la sculpture néo-assyrienne achetés en 2014 par le SCD de l’université Lille 3 (BARNETT 1976) et par l’équipe HALMA-UMR 8164 (BARNETT et al. 1998) ; Photo Thomas Nicq.
- Figure 2 : Inscription en cunéiforme sur la couverture de l’ouvrage de BARNETT 1976. Il s’agit de l’inscription présente sur BM 124945-BM 124946 décrivant la scène représentée, cf. fig 3 ci-dessous ; Photo Thomas Nicq.
- Figure 3 : Le roi Assurbanipal sur son chariot passant en revue le butin pris à Babylone qui s’était révoltée à l’initiative de Shamash-shum-ukîn, son frère rebelle (648 av. J.-C.) ; BM 124945 (127 cm x 195,6 cm) & BM 124946 (213,4 cm x 147,3 cm) ; Salle M, dalles 12 et 13 ; British Museum, Londres. Source : BARNETT 1976, pl. XXXV (détail). Photo Thomas Nicq.
- Figure 4 : Représentation de gardiens de portes (reproduction du dessin fait sur le site par W. Boutcher et photo du bas-relief au British Museum) ; BM 118912 (147,3 cm x 111,8 cm ) ; Salle T, entrée, dalle 2 ; British Museum, Londres. Source : BARNETT 1976, pl. LV. Photo Thomas Nicq.
- Figure 5 : L’ouvrage de BARNETT et al. 1998 acheté par l’équipe HALMA-UMR 8164 (ouvrage à la BSA) ; Photo Thomas Nicq.
- Figure 6 : Photo d’un bas-relief montrant une chasse au lion par le roi Assurbanipal sur son chariot. BM 124866 (160 cm x 231,2 cm), BM 1249867 (160 cm x 114,3 cm), BM 1249868 (162,6 cm x 172,8 cm) ; Salle C, dalles 13 à 15 ; British Museum, Londres. Source : BARNETT 1976, pl. VIII. Photo Thomas Nicq.
- Figure 7 : Reconstitution de l’intérieur d’un palais ou d’un temple néo-assyrien proposée par Austen Henry Layard en 1853.Source : LAYARD, Austen Henry : The Monuments of Nineveh from drawing made on the spot, Londres, 1853, Plate 2 : « A hall in an Assyrian temple or palace, restored from actual remains, and from fragments discovered in the ruins. » URL : http://www.etana.org/sites/default/files/coretexts/17087.pdf (consulté le 20 mai 2015).
- À ce sujet, on pourra consulter la mise au point récente par Simone Mühl, chercheure associée à l’université de Munich (Institut für Vorderasiatische Archäologie, Ludwig-Maximilians-Universität München), sur les destructions de Nimrud (l’ancienne Kalhu, une des capitales de l’empire néo-assyrien), survenues en avril 2015 :
Simone MÜHL : « Nimrud under attack. A short analysis of recent destructions at Nimrud », Academia.edu [En ligne]. URL : https://www.academia.edu/11953088/Nimrud_under_attack._A_short_analysis_of_recent_destructions_at_Nimrud. Consulté le 20 mai 2015.
Un rapport publié le 5 mai 2015 dans le cadre de The American Schools of Oriental Research (ASOR) Cultural Heritage Initiatives montre également différentes photos prises par satellite du site de Nimrud avant et après destruction :
Michael DANTI, Scott BRANTING, Tate PAULETTE et Allison CUNEO : « Report on the Destruction of the Northwest Palace at Nimrud », Asor-syrianheritage.org [En ligne]. URL : http://www.asor-syrianheritage.org/report-on-the-destruction-of-the-northwest-palace-at-nimrud. Consulté le 20 mai 2015. [↩]
Lire aussi sur Insula :
Denis Lacambre, « Les bas-reliefs néo-assyriens de Ninive », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 11 juin 2015. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2015/06/11/les-bas-reliefs-neo-assyriens-de-ninive/>. Consulté le 21 November 2024.
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