Œuvres de Fabien Noirot.
Des œuvres de l’artiste Fabien Noirot sont exposées dans le cadre de l’exposition « Les terres cuites grecques : Pour qui ? Pourquoi ? Comment ? » à l’Université de Lille, Sciences humaines et sociales. Ces réalisations contemporaines s’inspirent d’une manière antique de concevoir des figurines en terre cuite : le marcottage.
Bidouillage d’images antiques
Le marcottage est une technique de sculpture d’origine grecque : il s’agit de composer une nouvelle œuvre sculptée en réutilisant partiellement les moules d’œuvres déjà exécutées. L’archéologue Jules Martha en a décrit un bel exemple : d’une statuette grecque qui représentait une jeune femme cueillant une fleur, la fantaisie du coroplathe a fait un satyre poilu :
« Un des exemples les plus curieux qu’on puisse citer des retouches auxquelles se livrait la fantaisie des coroplastes se trouve au n° 920 du catalogue. L’épreuve à la sortie du moule représentait une femme agenouillée dans la posture des cueilleuses de fleurs ou des joueuses d’osselets. L’idée vint à l’ouvrier de transformer cette femme en un Satyre. Sans s’arrêter à corriger les formes féminines du buste, il le pointilla à coups d’ébauchoir pour lui donner une apparence velue et surmonta le tout d’une tête satyrique. »
[Jules Martha, Catalogue des figurines en terre cuite du Musée de la Société archéologique d’Athènes, Paris, E. Thorin, 1880, p. XXIV (voir aussi p. 196-197, n° 920)
On pourrait multiplier les exemples de transformations ou détournements d’images dans la petite plastique grecque. De fait, ce sont des créations anonymes où interviennent successivement et de façon tout à fait indépendante au moins deux artisans : celui qui a créé l’image originale, reproduite à l’identique et éventuellement sur plusieurs générations par le moulage et le surmoulage ; celui qui a re-créé un exemplaire en le transformant par modelage au sortir de l’un des moules.
Le marcottage
Le propre de la technique du marcottage en sculpture, depuis l’artisanat grec, est de déposséder l’artiste de son autorité et de l’unicité de son œuvre en donnant sa sculpture en partage, par le biais des moules. Sur ce principe, l’objectif du projet initié par Fabien Noirot était de recréer l’effervescence des ateliers grecs en déplaçant les moules en plâtre d’atelier en atelier afin de générer des variantes par rapport au modèle de départ. Le lien entre les personnes se matérialise ainsi par un lignage des moules qui va engendrer, au final, une œuvre collective. L’objet de cette création collective est une fleur : la fleur absente de la cueilleuse-Satyre décrite par Jules Martha.
L’expérience de l’atelier « Marcottage » a été menée de 2012 à 2015 dans trois services hospitaliers de la région parisienne : en gériatrie à Fernand-Widal, au CASH de Nanterre et en hôpital de jour de cancérologie à Saint-Louis. Ces trois groupes différents ont constitué un lignage de fleurs en terre, à l’aide de moules en plâtre transmis d’un groupe à l’autre. Cette technique est directement inspirée de celle du moulage des tanagras antiques.
Chaque fleur réalisée en terre est ensuite numérisée. Ces fichiers numériques sont assemblés et retouchés par Fabien Noirot. L’artiste applique ensuite une technique de finition.
Pour en savoir plus
Projet retenu par l’ARS en partenariat avec la DRAC, dans le cadre d’un programme Culture à l’hôpital en Île de France.
- Site de Fabien Noirot : http://noirotfabien.prosite.com
- Site de Tournesol, artistes à l’hôpital : http://associationtournesol.com
Les œuvres de Fabien Noirot sont visibles jusqu’au 6 avril 2016
Bibliothèque universitaire centrale de Lille 3.
- En savoir plus sur l’exposition : https://insula.univ-lille3.fr
Lire aussi sur Insula :
Christophe Hugot, « La fine fleur du marcottage antique », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 23 mars 2016. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2016/03/23/la-fine-fleur-du-marcottage-antique/>. Consulté le 21 November 2024.