Echo, résonance des mythes grecs antiques

Exposition au Colysée de Lambersart jusqu’au 4 juin 2017.

Le Colysée de Lambersart propose une relecture des mythes grecs antiques à travers les œuvres d’une dizaine d’artistes contemporains, pour la plupart issus de la métropole lilloise.

Compte rendu muséologique par Cyrille Ballaguy, doctorant à l’université Lille 3, dont le sujet de thèse porte sur la valorisation de la mythologie dans les musées du Nord [voir theses.fr].

De la mythologie gréco-latine dans l’art contemporain ?

Quand on pense à des représentations mythologiques, nous viennent immédiatement à l’esprit des chefs-d’œuvre de l’art antique ou de la Renaissance, comme la Victoire de Samothrace ou la Naissance de Vénus de Botticelli. Pourtant, l’Antiquité n’a jamais cessé d’inspirer les artistes et de nombreux artistes contemporains s’y sont frottés à un moment ou à un autre : Picasso, De Chirico, Lichtenstein, pour n’en citer que quelques uns du 20e siècle, jusqu’à aujourd’hui. Une exposition gratuite au Colysée de Lambersart, « Écho, résonance des mythes grecs antiques » se propose de donner le point de vue d’artistes, pour la plupart locaux, sur cette riche thématique. Comment ces artistes rendent-ils actuelle la mythologie ? De quelles manières ces réminiscences peuvent-elles influencer l’art ?

La plasticité des mythes

N’étant pas un spécialiste de l’art contemporain, j’ai abordé cette exposition avec un œil tout à fait étranger et interrogateur. Il serait alors vain et inutile de décrire par le menu, les travaux des neuf artistes dont les œuvres sont exposées. On y trouve aussi bien de la photographie que du dessin, des installations que des vidéos. Certaines œuvres m’ont touchées, d’autres beaucoup moins. C’est là toute la richesse de l’art d’aujourd’hui, tellement multiple et riche qu’il ne peut que nous séduire ou nous laisser complétement perplexe. J’ai par exemple adoré l’expérience d’Arnaud Verley et Philémon Vanorlé sur le cheval ailé Pégase. Celui-ci est alors un âne avec des « ailes » en panneaux solaires qui apportent de l’électricité dans des bourgades reculées de Macédoine. Les collages de Juliette Iturralde comme son Persée, sont aussi magnifiques. J’ai eu plus de mal à saisir le sens de l’énorme structure de Clémentine Carsberg avec des boites de cartons ou l’enchevêtrement de Métamorphoses d’Ovide d’Agnès Dubart. Quoi qu’il en soit, on comprend que chacun puise dans les mythes ce qui lui convient : l’architecture, les êtres hybrides ou la plasticité des mythes.

"Pégase" par Arnaud Verley & Philémon Vanorlé - Société volatile 2014
« Pégase » par Arnaud Verley & Philémon Vanorlé – Société volatile 2014

La mythologie accessible à tous

Saluons ici l’important travail de contextualisation du lieu. L’exposition se découvre aux différents étages du Colysée, qui est l’une des nombreuses maisons Folies créées dans la métropole lilloise en 2004. Des panneaux guident le visiteur tout au long du parcours pour rappeler certaines notions : « Qu’est-ce qu’un mythe ? »,  » Les auteurs antiques », « Les personnages importants ». Les œuvres des artistes sont aussi expliquées à travers des textes et des citations afin de donner quelques pistes de lecture. Au milieu de l’exposition, il est possible d’écouter au moyen de casques la Théogonie racontée par la conteuse Claudie Obin. On touche ainsi à une volonté essentielle des créateurs de l’exposition : rendre la mythologie accessible à tous.

Cette volonté d’accessibilité est également visible vers la fin de l’exposition où sont présents de nombreux livres de vulgarisation sur le sujet, ainsi que la possibilité offerte de colorier l’Hercule du film Disney ou son papa Zeus. Mais surtout, toute une partie du rez-de-chaussée est dédiée à la médiation. De nombreuses activités sont proposées, toutes en lien avec des expressions françaises telles que « tomber dans les bras de Morphée » ou « s’attirer les foudres ». Les enfants peuvent alors se déguiser en dieux avec leurs attributs, construire une boite de Pandore ou un Parthénon en Kapla…. Le tout est lié à une riche programmation à découvrir sur leur site internet : contes, spectacles, ateliers animés par certains des artistes, conférences (par des collègues de Lille 3 et contributeurs réguliers d’Insula : Sébastien Barbara, Séverine Clément-Tarantino et Florence Klein),… Le tout est gratuit ou pour seulement 1 ou 2 €.

On pourrait seulement regretter que cette salle ne soit pas liée avec les œuvres des artistes de l’exposition, comme si la médiation et les œuvres d’art contemporain devaient être bien séparées. Il semble ainsi aujourd’hui − et paradoxalement − que c’est l’art contemporain qui soit plus difficile à médiatiser que des légendes vieilles de plus de 2500 ans.

Renseignements pratiques

« Écho, résonance des mythes grecs antiques »
Colysée de Lambersart
avenue du Colysée à Lambersart
Ouverte jusqu’au 4 juin 2017.
Entrée libre du mercredi au samedi de 13h à 18h et le dimanche de 13h à 19h.

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Cyrille Ballaguy, « Echo, résonance des mythes grecs antiques », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 27 avril 2017. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2017/04/27/echo-resonance-des-mythes-grecs-antiques/>. Consulté le 28 March 2024.