Vases grecs et Vase qui parle à Boulogne-sur-Mer

Exposition « Une saison en Grèce » jusqu’au 8 décembre 2019.

Le Musée de Boulogne-sur-Mer consacre une exposition à sa très importante collection de vases grecs à l’occasion de la publication d’un livre sur celle-ci. En contrepoint, le Vase qui parle redonne de la voix.

La collection Panckoucke

Le Musée de Boulogne-sur-Mer possède l’une des plus belles collections françaises de vases grecs. Celle-ci, acquise par la ville de Boulogne-sur-Mer en 1861, provenait de la collection constituée par Charles Louis Fleury Panckoucke, fils de l’imprimeur-libraire lillois Charles-Joseph Panckoucke. Lui-même éditeur, Charles Louis Fleury Panckoucke est à l’origine de plusieurs collections savantes, comme la « Bibliothèque latine-française » (1824-1843) et la « Nova scriptorum latinorum bibliotheca » (1825-1838). Il acquit des antiquités, en particulier une série de vases grecs ayant Héraclès pour sujet, au point qu’il projeta d’éditer une « Héraclide » pour diffuser les images du héros au plus grand nombre. C’est cette collection que la Ville acheta, confortée dans son choix par Adrien de Longpérier, Conservateur du Musée du Louvre :

« Si vous achetiez la collection, la Ville de Boulogne aurait la seule belle collection de vases qui existe en dehors de Paris ; cela ferait une spécialité pour votre Musée que les savants d’Allemagne viendraient visiter après le Louvre » Lettre du 22 juillet 1861.

Une des vitrines détruite lors du bombardement de 1918. Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine. Fonds des albums Valois – Département du Pas-de-Calais – Volume 27 (VAL 309)

Ce sont plus de 400 vases que Boulogne-sur-Mer acheta 12.000 francs, constituant une salle de vases grecs au sein du Muséum. C’est cette collection qui est à l’honneur de l’exposition « Une saison en Grèce » : son origine, sa destruction en 1918, quand une torpille allemande détruisit la salle où elle était conservée, réduisant nombre de céramiques en tessons, sa restauration et son exposition après des décennies d’un travail minutieux. Malgré les vicissitudes des deux guerres mondiales, le fonds compte toujours plus de 470 numéros parmi lesquels quelques vases attribués à des artistes majeurs, comme l’amphore représentant le suicide d’Ajax attribuée au potier et peintre Exékias, ou Éros par le Peintre de Berlin. Est également exposé le vase à partir duquel Beazley forgea l’identité du « Painter of the Boulogne Horse ».

Réalisée avec le concours de la Bibliothèque nationale de France et de l’Institut national d’histoire de l’art, l’exposition « Une saison en Grèce » permet de présenter des  œuvres habituellement non exposées avec les résultats des dernières recherches dont elles ont fait l’objet. Parmi les points originaux, notons que des vitrines présentent le travail de restauration et que des vidéos viennent s’intercaler entre les vitrines.

Exposition Boulogne-sur-Mer

Le Vase qui parle

Nous avons maintes fois eu l’occasion de présenter le Vase qui parle sur Insula, dispositif innovant conçu par l’Université de Lille et Devocité, reproduisant un vase grec conservé au Palais des Beaux-Arts de Lille. Ce Vase raconte lui-même les trois scènes qui sont peintes sur ses trois pieds : le Jugement de Pâris, événement déclencheur de la Guerre de Troie, et deux combats de guerriers. Ce dispositif a déjà été présenté plusieurs fois depuis 2013. Cette fois, le musée de Boulogne lui a réservé un bel écrin dans la salle comtale où quelques vases grecs le précèdent avec des thématiques guerrières.

Vase qui parle

Une publication

La collection de vases grecs du musée de Boulogne-sur-Mer va (enfin !) être le sujet d’une publication. Ce n’est pas encore le Corpus vasorum antiquorum qu’elle mériterait amplement mais un beau livre où l’illustration prendra une large part. Ce livre, édité par Invenit, portera sur l’histoire et la vie de la collection, sur les origines et les formes des vases. Un catalogue présentera 41 vases, provenant d’Attique, de Corinthie, d’Étrurie et de Grande Grèce. Parmi les sujets abordés par les peintres de vase, on trouvera les figures d’Éros, d’Héraclès, de Dionysos, mais encore les sujets de la guerre et de l’épopée, les jeux et les concours. Parution prévue fin juillet 2019.

Amphore dite du Suicide d’Ajax, attribuée à Exékias, céramique à figures noires Musée de Boulogne-sur-Mer,
© RMN-Grand Palais
Benoit Touchard

Pour finir

La collection Panckoucke n’est pas la seule à être présentée dans cette exposition. Boulogne-sur-Mer eut la chance d’accueillir d’autres collections, comme celle du cabinet de curiosités du vicomte Alexandre Isidore Leroy de Barde. Une visite des collections permanentes s’impose. Des achats, legs et dons divers ont contribué à l’enrichissement éclectique et original du musée de Boulogne-sur-Mer qui, depuis 1988, est installé dans le château comtal, un fort du XIIIe siècle remanié au cours des siècles : antiquités égyptiennes, provenant d’un don du Boulonnais Auguste Mariette, antiquités régionales, collection de peintures (en particulier une salle consacrée à Georges Mathieu, peintre originaire de Boulogne-sur-Mer), mais aussi de l’ethnographie : le musée abrite une collection d’art océanien et une autre d’art inuit parmi les plus importantes au monde.

Informations pratiques

Une saison en Grèce
Exposition du 6 juillet au 8 décembre 2019.
Musée de Boulogne-sur-Mer

Ouvert tous les jours sauf le mardi

  • Période estivale, jusqu’au 30 septembre :
    de 9h30 à 18h sans interruption
  • Période hivernale, à partir du 1er octobre :
    de 9h30 à 12h30 et de 14h00 à 17h30

Pour en savoir plus

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Citer ce billet

Christophe Hugot, « Vases grecs et Vase qui parle à Boulogne-sur-Mer », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 16 juillet 2019. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2019/07/16/vases-grecs-et-vase-qui-parle-a-boulogne-sur-mer/>. Consulté le 7 October 2024.