Revue de liens.
Voici notre première revue de liens de l’année 2012 qui témoigne d’une actualité très diverse sur l’Antiquité.
Depuis le 1er janvier 2012, il n’est plus obligatoire de donner un nom latin aux nouvelles plantes découvertes annonce (en français) l’Agence Science-Presse. L’anglais pourra suffire. What a pity ! En revanche, Le Courrier Picard proclame le résultat d’un référendum : les habitants de la Somme ont décidé de s’appeler les Samariens et Samariennes. Samara était le nom de la Somme dans l’Antiquité (fleuve tranquille). Samara, c’est aujourd’hui le nom d’un archéosite.
La seconde chute d’Icare
En 1912, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles achètent La chute d’Icare comme une copie d’un Bruegel. Le tableau, dont le sujet est emprunté aux Métamorphoses d’Ovide1, est bientôt attribué à Bruegel lui-même. Cent ans plus tard, Dominique Allart, de l’Université de Liège, et Christina Currie, de l’Institut royal du Patrimoine artistique publient une étude dans laquelle la conclusion est sans appel. Aussi bien la datation au carbone 14 et la radiographie du tableau que l’étude du dessin (« faible, maladroit et très scolaire », dixit Dominique Allart) montrent que La chute d’Icare n’est pas de Bruegel. Cela dit, pour le chercheur, « ce tableau, maintes fois retouché, abimé, transformé est un peu comme une ruine antique. Et les ruines peuvent être très belles ». Avant la parution du livre, voir l’article dans La Libre Belgique et dans Le Soir. Voir présentation du livre The Brueg(h)el Phenomenon sur le site de l’IRPA.
Reliques de Jean le Baptiste à Sozopol
En 2010, le scepticisme avait entouré l’annonce par Bojidar Dimitrov, ministre sans portefeuille de Bulgarie, de la découverte par Kazimir Popkonstantinov de reliques de Jean le Baptiste. La trouvaille était intervenue lors des fouilles effectuées dans les vestiges d’un monastère médiéval sur l’île bulgare de Sveti Ivan (Saint-Jean), située au large de la ville de Sozopol en mer Noire. Le coffret portant le nom du saint contenait des ossements et une dent. Le miracle désiré par les dirigeants eut lieu : Sozopol est devenue la première destination touristique de Bulgarie. Les reliques viennent d’être passées au scanner, à l’occasion du tournage d’un documentaire pour le National Geographic, rapporte Novinite.com (Sofia News Agency). Il en résulte que les os (une clavicule droite, un doigt de la main droite et le côté droit de la mâchoire supérieure) appartiennent à un homme de type méditerranéen, entre 30 et 40 ans, qui était végétarien …
Si l’intérêt pour l’industrie touristique a été mis en avant lors de cette découverte archéologique des reliques, le gouvernement bulgare accuse aujourd’hui plusieurs musées archéologiques de « saboter » la construction de deux autoroutes (l’une devant relier Sofia au port de Varna et l’autre Sofia à la frontière grecque) en demandant un arrêt des travaux pour permettre des fouilles, relève le Courrier des Balkans.
Le Vatican et l’archéologie
Le 30 novembre 2011, Benoit XVI a accordé le prix des Académies pontificales à deux lauréats : le Studium Biblicum Franciscanum, institut de recherche et d’enseignement des sciences bibliques et de l’archéologie des Franciscains de Jérusalem, pour ses fouilles, en particulier au Mont Nébo en Jordanie, et à Daria Mastrorilli pour ses recherches sur le culte des martyrs Zotique, Irénée et Amans. En outre, la Médaille du pontificat a été offerte à l’archéologue romaine Cecilia Proverbio pour son étude de l’iconographie des basiliques paléochrétiennes de Rome. Voir le texte sur le site officiel du Vatican.
Si le Pape apprécie l’archéologie, il n’aura que quelques pas à faire pour visiter une nécropole romaine sur près de 1000 m2 découverte sous un parking de la cité du Vatican en 1956/58, puis en 2003, ensemble qui sera accessible aux visites au printemps 2012. La nécropole, qui remonte au début de l’ère impériale, s’étend le long de la colline du Vatican, près du sanctuaire Magna Mater et des jardins impériaux qui appartenaient à Agrippine. On y a en particulier trouvé la stèle du sculpteur Tiberius Claudius Thesmus, représenté en train de réaliser un buste, et celle du scénographe Alcimus, esclave de Néron. Plus de détails sur le site Archaeology News Network et Vatican Insider.
À Rome : tombes des Scipion…
Autres tombes que le public pourra (re)découvrir à Rome, après vingt années de fermeture : celles des Scipion. La Tribune de Genève annonce en effet que le site, qui a dû subir une importante campagne de restaurations, est accessible (sur demande préalable uniquement) depuis le 27 décembre 2011. La tombe possède un grand nombre de membres de la famille de Scipion et la plupart des protagonistes des guerres puniques, mais Scipion l’Africain (235-183 av. J.-C.), le vainqueur d’Hannibal, ne s’y trouve pas, ayant été enterré près de Naples. Renseignements pratiques ici.
… Colisée, Pyramide de Gaius Cestius et Musée de l’Ara Pacis
Il n’y a pas qu’à Pompéi que les murs antiques tombent en Italie. À Rome aussi où « de petits fragments de tuf volcanique sont tombés ces derniers jours de deux parties du Colisée, mettant en alerte la direction du site à Rome, qui a rappelé que les travaux de restauration débuteront en mars », annonce Culturebox (avec AFP). Quant à Yuzo Yagi, un homme d’affaires japonais, il a décidé de consacrer 1 million d’euros pour restaurer la Pyramide de Caius Cestius à Rome écrit Le Figaro. On verra l’état actuel de ce monument funéraire construit vers 12 av. J.-C. sur le site du Plan de Rome réalisé par l’université de Caen.
Sans attendre qu’il ne devienne une Antiquité, un mur extérieur du complexe muséal réalisé par l’architecte Richard Meier pour servir d’écrin à l’Ara Pacis Augustae sera abattu en ce mois de janvier 2012, comme annoncé en août 2011 (voir la dépêche d’Art Media Agency du 26 août 2011), six ans seulement après son inauguration, suite à une plainte des riverains qui se plaignaient de ne plus pouvoir admirer deux églises baroques. Voir le site du Musée et celui de l’architecte.
Tombe de Childéric à Tournai
L’exposition « Le Roi est mort… Vive le Roi ! » présentée jusqu’au 26 février 2012 au Musée d’archéologie de Tournai a pour ambition « d’introduire tout un chacun dans un pan de notre lointaine histoire » en dévoilant ce que devait être le tombeau de Childéric, écrit L’Avenir. Un article paru dans le journal Le Soir au mois de juillet narre la découverte de cette tombe à Tournai le 27 mai 1653 et sa disparition presque totale à Paris en 1831. On pourra lire dans La Voix du Nord un entretien avec la conservatrice Marianne Delcourt qui décrit l’exposition, en particulier les objets exposés ainsi que la nouvelle maquette qui reconstitue le tumulus sous lequel Childéric fut enterré avec une vingtaine de ses chevaux. Une exposition à voir en famille au Musée d’Archéologie.
Les pharaons doivent-ils voyager ? Faut-il rendre les œuvres d’art ? Faut-il acheter les œuvres d’art volées ?
Al-Ahram Hebdo, l’hebdomadaire égyptien de langue française, pose la question : « les pharaons doivent-ils voyager ? ». Ou plutôt leurs sandales. Depuis cinq ans, en effet, une exposition réalisée à partir de 131 pièces égyptiennes, en particulier issues du trésor de Toutankhamon (dont les sandales du jeune roi), voyage à travers le monde, ce qui contrevient à plusieurs lois égyptiennes, notamment celle qui stipule la possibilité d’exposer uniquement les pièces répétées. La polémique enfle. Mohamad Abdel-Maqsoud, ex-secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), a lancé sur le réseau social Facebook un référendum sur la question de laisser ou pas l’exposition Toutankhamon se poursuivre jusqu’au 15 avril 2012 à Houston, aux États-Unis. Une plainte fut même lancée contre Zahi Hawas pour avoir rendu possible ces expositions qui rapportent beaucoup d’argent aux Antiquités.
Zahia Hawas est sans doute la figure emblématique du retour des œuvres d’art dans le pays dont elles sont originaires. Sur l’ancienne autorité des antiquités égyptiennes, les articles ont été très nombreux dans la Presse française avant le Printemps arabe (on lira par exemple le long article de L’Express en 2009). Faut-il rendre les œuvres d’art ? est le titre d’un ouvrage qu’Emmanuel Pierrat a publié aux éditions CNRS. Mais, après la lecture du compte rendu du livre rédigé par Didier Rykner dans son indispensable Tribune de l’art, la question devient : Faut-il lire ce livre ? A priori, c’est non.
Un musée irakien rachète des œuvres pillées lors des conflits, révèle Artclair, contrairement aux consignes de l’UNESCO et de la communauté muséale internationale. Mais que deviendraient ces objets sans leur achat à un prix dérisoire par les Institutions ?
Astérix à la BnF, Alix en librairie
Astérix est présenté comme « Trésor du mois » à la Bibliothèque nationale de France. Le contexte n’est pas plus tranquille que pour Toutankhamon et la presse se fait souvent l’écho des mésententes familiales et la zizanie autour du petit Gaulois (et de son trésor). Albert Uderzo a offert 120 planches originales d’Astérix en mars 2011 issues des deux premiers albums de la série, Astérix le Gaulois et La Serpe d’or, ainsi que celles provenant de la dernière aventure réalisée en commun par Albert Uderzo et René Goscinny, mort en 1977, Astérix chez les Belges. Une planche originale encrée, première de la série, publiée dans le n°1 du journal Pilote, le 29 octobre 1959 est exposée jusqu’au 29 janvier 2012. Une exposition consacrée à Astérix serait en projet pour 2013 à la BnF. En attendant, on peut écouter une émission récente de France Culture avec Nicolas Rouvière, Maître de conférences à l’Université Joseph Fourier, auteur de Astérix ou la Parodie des identités (Champs Flammarion, 2008).
Une nouvelle histoire d’Alix vient de paraître chez Casterman : La conjuration de Baal. Près de deux ans après la mort du créateur de la série, Jacques Martin, c’est Christophe Simon qui reprend l’aventure. « Les auteurs renouent avec les composantes fondamentales qui ont fait le succès de la série » annonce l’éditeur, ce qui signifie en d’autres termes (ceux de France Soir) : « Rien de fondamentalement original dans ce trentième tome qui met une nouvelle fois en scène la lutte acharnée entre Pompée et César pour la conquête du pouvoir, le tout sur fond de machination politico-religieuse ».
L’engouement pour la BD n’est sans doute pas prêt de s’arrêter. En 2011, la production d’albums de bande dessinée augmente encore pour la seizième année consécutive, note le rapport de l’ACBD. En 2011, 5327 livres de bande dessinée ont été publiés.
La Colère des Titans
La Colère des Titans va sortir sur les écrans en mars 2012. Il s’agit de la suite du Choc des titans. Le journal Premiere résume le scénario dont « le sujet ne va pas chercher bien loin ». Les impatients peuvent découvrir la bande annonce sur le site officiel. On trouvera un panorama critique de « onze ans de néo-péplums » dans le blog Dans l’univers universitaire.
Pour information
Cette rubrique est composée d’articles glanés lors de notre veille informationnelle. Les liens ou les sujets abordés ont souvent été l’objet d’une citation sur notre compte Twitter. Depuis le mois de décembre, la BSA a ouvert un Scoop.it qui regroupe l’information que la BSA diffuse sur son site web, le blog, le compte Twitter et la base de signets Delicious.
- Il s’agit là du seul exemple connu d’un choix par Bruegel d’un texte de la mythologie grecque comme source d’inspiration (Ovide, Métamorphoses, VII, 215-240). [↩]
Lire aussi sur Insula :
Christophe Hugot, « Actualité de l’Antiquité / 7 », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 6 janvier 2012. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2012/01/06/actualite-de-l-antiquite-7/>. Consulté le 21 November 2024.