Lettre à mon frère pour réussir en politique, de Quintus Cicéron.
En cette année d’élections, les éditions Les Belles lettres éditent opportunément la traduction du Commentariolum petitionis de Quintus Tullius Cicero sous le titre : Lettre à mon frère pour réussir en politique. Tout candidat à un suffrage – tout électeur aussi – a intérêt à mettre dans sa poche cet opuscule au format et aux couleurs d’une carte d’électeur, d’un prix très démocratique, et à en méditer les préceptes …
On attribue à Quintus Tullius Cicero, le frère cadet de Marcus Tullius Cicero, un texte appelé – d’après sa dernière phrase – le « petit manuel de la campagne électorale » : Commentariolum petitionis. Il aurait été écrit pour préparer le frère de l’auteur, Cicéron, à la campagne électorale pour le Consulat en 64 avant notre ère. Peu importe ici que cette attribution ne fasse guère l’unanimité parmi les savants. La teneur du livre a autant d’intérêt que son auteur et les circonstances de sa rédaction : il nous éclaire sur la vie politique à Rome. En outre, il donne des conseils aux candidats qui briguent les suffrages avec une franchise qui peut aujourd’hui paraître déconcertante.
La quatrième de couverture du livre annonce que la Lettre de Quintus Cicéron propose 58 astuces antiques pour être élu. On voudrait toutes les citer. En voici quelques-unes :
« Il importe que ta campagne soit en tout point méthodique, vigilante, active, industrieuse. » (IV. 15)
« Cela contribue beaucoup à la réputation, au prestige d’un candidat que d’avoir tous les jours autour de lui, quand il descend au forum, un cortège nombreux. » (IX. 36)
« Travaille donc à t’assurer, par des amitiés nombreuses et variées, toutes les centuries. » (VIII. 29)
« Cela exige que l’on connaisse les électeurs par leur nom, qu’on sache les flatter, qu’on soit assidu, qu’on soit généreux, qu’on excite l’opinion, qu’on éveille des espérances politiques. » (XI. 41)
« Tâche que toute ta campagne se déploie magnifiquement, qu’elle soit brillante, pleine d’éclat, populaire, qu’elle ait une tenue et une dignité hors pair … » (XIII. 52)
« La ruse, les embûches, la perfidie sont partout. » (X. 39) …
L’ouvrage reprend la traduction de L. A. Constans éditée en 1934 dans le premier volume de la Correspondance de Cicéron de la célèbre « Collection des universités de France » [voir notice] agrémentée d’un « bonus » rédigé par Laure de Chantal et Alexandre Marchinkowski qui aide le lecteur à s’y retrouver en particulier avec les personnages cités et le vocabulaire du pouvoir à Rome.
La thématique des élections dans l’Antiquité a également fait l’objet d’un élégant petit livre paru aux éditions les Belles lettres avec Fièvre électorale à Pompéi de Karl-Wilhelm Weeber que nous avons déjà présenté dans Insula. En kiosque ce mois de janvier, La Revue des deux mondes consacre un dossier à l’idée d’élection avec notamment deux articles concernant l’Antiquité, le premier d’Odile Tresch (contributrice d’Insula), « Athènes et le modèle démocratique », le second de Jean-Yves Boriaud, « Se faire élire à Rome ». Ce dernier est également le traducteur de la Lettre de Quintus Cicéron publiée aux éditions Arléa en 1996 sous le titre : Manuel de campagne électorale [voir notice].
Pour en savoir plus
Lire aussi sur Insula :
Christophe Hugot, « 58 astuces antiques pour être élu », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 14 janvier 2012. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2012/01/14/58-astuces-antiques-pour-etre-elu/>. Consulté le 10 December 2024.
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