Les éditions « Rue de Sèvres » viennent de publier l’adaptation dessinée de l’Iliade et de l’Odyssée par Soledad Bravi. Une version décalée à lire pour (re)découvrir Homère.
« Hélène suit Pâris à Troie. Son mari Ménélas, roi Grec, aime moyen. La guerre de Troie dure dix ans. » [résumé de l’Iliade par Soledad Bravi]
Ce n’est pas la première fois que Soledad Bravi s’intéresse aux épopées homériques. On lui doit déjà quelques albums cartonnés pour les tout-petits (de 2 à 5 ans) parus dans la collection « Loulou & Cie » à l’École des loisirs, parfois réalisés sur un scénario de la Lilloise Nathalie Laurent : Le cheval de Troie (d’après triphiodore) ; Le Cyclope ; Éole, Circé et les Sirènes ; La ruse d’Ulysse. Le blog Insula avait consacré un billet à cette série en 2012, soulignant que ces petits volumes possédaient « un véritable souffle épique qui emporte l’imaginaire, tout en gardant une distance salvatrice ».
Cette fois, avec L’Iliade et l’Odyssée d’après Homère, Soledad Bravi s’adresse aux plus grands, mais le livre devrait également ravir les plus jeunes (ou vice-versa). L’ouvrage est issu des dessins publiés dans le magazine Elle durant les étés 2013 et 2014.
La lecture du récit homérique revu par Soledad Bravi est rapide comme le vent. On peut saluer la concision de l’auteure : les 27.000 vers qui composent l’Iliade et l’Odyssée sont exprimés ici par 338 dessins, qui sont presque des miniatures (170 dessins pour narrer l’Iliade, 168 pour l’Odyssée). Dans cette vaste épopée, Soledad Bravi a évidemment fait des choix, ignorant maints épisodes, s’attachant à relater les histoires et les personnages les plus emblématiques.
Les dessins ont un trait minimal, constitués d’ingénieux raccourcis (l’assemblée des rois résumée à des couronnes). Quant aux textes, c’est peu dire qu’ils s’éloignent (avec bonheur) des épithètes homériques. Ainsi, Hélène devient une « bombasse » qui tombe « grave in love devant le beau Pâris ». Et quand les Troyens font entrer le cheval de bois dans leur cité, pour leur plus grand malheur, ils crient des « On a gagné, les doigts dans le nez », avant que les Grecs ne les tuent et puissent chanter à tue-tête des « On est les champions » crâneurs.
Avec son Iliade et Odyssée, Soledad Bravi réussit à être impertinente sans être irrévérencieuse, elle qui avoue avoir découvert Homère très jeune, comme d’autres aujourd’hui, sans doute, grâce à elle.
Références du livre
Soledad Bravi
L’Iliade et l’Odyssée d’après Homère
Rue de Sèvres, 2015
96 pages, 15,2×21,5 cm, ISBN 978-2-36981-225-8
- Voir sur le site de l’éditeur : www.editions-ruedesevres.fr
Crédits et remerciements
Nous remercions les éditions Rue de Sèvres de nous avoir aimablement autorisé à reproduire les illustrations présentes dans ce billet.
Lire aussi sur Insula :
Christophe Hugot, « L’Iliade et l’Odyssée de Soledad Bravi, d’après Homère », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 3 juillet 2015. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2015/07/03/l-iliade-et-l-odyssee-de-soledad-bravi-d-apres-homere/>. Consulté le 21 November 2024.
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