Jusqu’au 14 avril 2017.
Le Musée du Louvre-Lens offre régulièrement au public la possibilité d’assister à la restauration d’œuvres. Jusqu’au 14 avril 2017, il est possible de suivre la restauration de deux céramiques grecques, en prévision de l’importante exposition que le musée consacrera à la musique antique à partir du mois de septembre.
Conçu tout en ouverture et en transparence, le Louvre-Lens dévoile ses coulisses aux visiteurs. Jusqu’au 14 avril 2017, le public peut ainsi suivre les étapes de la restauration de deux vases grecs, des coupes sans pied à fond blanc datées de 470-460 avant notre ère. Acquises en 1892 par le Musée du Louvre, ces coupes proviennent d’Érétrie, cité grecque située sur la côte occidentale de l’île d’Eubée, au nord d’Athènes (inventaire CA 482 et CA 483). Retrouvées en contexte funéraire, lors de fouilles effectuées à la fin du XIXe siècle, elles ont probablement été déposées dans les tombes au moment de la cérémonie funéraire, ou données en offrande durant un deuil.
Femmes à la cithare
Ces céramiques, attribuées au Peintre d’Hésiode, sont faites en argile rouge recouvertes d’un engobe blanc (mince couche de terre fine), sur lequel est ensuite dessinée une scène au trait mat, dont la finesse permet de rendre les détails des visages et des chevelures ainsi que les volumes des corps et des drapés. Les couleurs à peine cuites (rouge, rose, orange), particulièrement fragiles, nous sont parvenues très atténuées. Le sujet de ces deux vases sont des représentations de femmes (des Muses ?) jouant de la cithare.
« Le monde des femmes n’est pas étranger à la musique »
Euripide, Médée, 1089
L’une des deux coupes (CA 482) est décorée d’une femme penchée vers l’avant, harmonisant les accords de ses deux cithares en berceau posées sur ses genoux, l’une par rapport à l’autre, comme l’avait démontré Annie Bélis dans un article du BCH. Sur l’autre coupe, la femme se tient debout et joue de la cithare. Cet instrument de musique, omniprésent dans le monde grec, se compose d’une caisse de résonnance en ébénisterie, sur laquelle sont fixés deux bras reliés par une traverse où s’enroulent les cordes, généralement au nombre de sept.
Les étapes de la restauration
Après examen minutieux sous loupe binoculaire et au vidéo-microscope, les deux coupes seront d’abord dérestaurées : les anciens collages seront dissous à l’aide d’un solvant et les anciens comblements retirés mécaniquement afin de défaire le « puzzle » et de désolidariser les différents fragments les uns des autres. Chacun de ces fragments sera ensuite soigneusement dépoussiéré au pinceau, par micro-aspiration et par utilisation de gommes en latex vulcanisé. Le badigeon grisâtre qui les recouvre sera retiré, puis les surfaces nettoyées au solvant (pour les fonds blanc, à l’intérieur de la coupe) ou à l’eau déminéralisée (pour les fonds noirs, à l’extérieur de la coupe). Le « puzzle » sera alors reconstitué et les différentes pièces montées et collées avec une résine acrylique stable et réversible. Les lacunes seront ensuite comblées, puis les lignes de cassures reprises afin d’en atténuer la marque. La dernière étape est celle des retouches chromatiques sur la surface. Ces retouches peuvent être réalisées à l’aquarelle ou à l’aide de peintures à liant acrylique ou aldéhydique.
Cette campagne de restauration a été confiée à Christine Verwaerde et Fabrice Rubiella, restaurateurs spécialisés en céramique et verre, tous deux diplômés de l’Institut National du Patrimoine. Chaque jour de présence au Louvre-Lens, ils ouvrent les portes de leur atelier pour un moment d’échange autour du travail cours.
Une exposition sur la musique antique
Après restauration, ces deux coupes seront exposées avec 400 autres objets venus de nombreuses institutions françaises et étrangères dans le cadre de l’exposition « Musiques ! ». Cette exposition, consacrée à la musique dans les grandes civilisations de la Méditerranée antique (Mésopotamie, Égypte, Grèce, Rome), sera une manière originale d’aborder le fonctionnement des civilisations antiques, tant sur le plan social que politique ou religieux. À voir, du 13 septembre 2017 au 15 janvier 2018.
Renseignements pratiques
Visites guidées de l’atelier en présence des restaurateurs, incluant un temps de rencontre et d’échange autour du travail en cours, du 3 au 14 avril, les lundis, mercredis, jeudis et vendredis à 16h.
Durée 1h.
17 personnes maximum par visite.
Tous publics à partir de 8 ans.
Tarif : 6 € / 4 € (moins de 18 ans, demandeurs d’emploi, etc.).
Réservations à l’accueil du musée ou au 03 21 18 62 62.
Musée du Louvre-Lens
99 rue Paul Bert – 62300 Lens
www.louvrelens.fr
Lire aussi sur Insula :
Christophe Hugot, « Voir une restauration de vases grecs au Musée du Louvre-Lens », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 4 avril 2017. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2017/04/04/voir-une-restauration-de-vases-grecs-au-musee-du-louvre-lens/>. Consulté le 23 November 2024.
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