Colloque international le 13 octobre 2023 à l’Université de Lille.
La rédaction française de L’Année philologique organise en octobre 2023 à l’Université de Lille un colloque international et transdisciplinaire qui interroge la place des livres consacrés à l’Antiquité et des artefacts antiques dans les dépôts, collections, bibliothèques et institutions, et examine en particulier le développement des bibliothèques spécialisées en Antiquité (Sciences de l’Antiquité, Classics, Klassische Altertumswissenschaft, etc.).
Résumé du colloque
Le colloque « L’Antiquité en réserve. Livres, collections, bibliothèques, institutions » referme un volet ouvert en octobre 2022 par le colloque « Présence de l’auteur. Indexations et catalogues de l’Antiquité à nos jours », qui interrogeait les pratiques d’indexation et de catalogage des auteurs, de l’Antiquité à nos jours, dans les dépôts d’archives, les bibliothèques et les corpus de recension.
Le programme contribue à la réflexion sur les relations entre Sciences de l’Antiquité, indexation et bibliographie. Il associe différentes disciplines telles que l’histoire ancienne, les lettres classiques, l’archéologie, l’histoire de l’art antique, la philosophie antique, ainsi que la bibliométrie et l’histoire des institutions. Il s’adresse aux chercheurs et enseignants-chercheurs de ces domaines, ainsi qu’à leurs élèves, mais aussi aux personnels d’administration et de gestion qui font vivre les institutions de documentation.
Le programme s’appuie sur la célébration des quarante ans de la Bibliothèque des Sciences de l’Antiquité de l’Université de Lille, créée à l’initiative du président de l’Université de Lille Gérard Losfeld, et sur l’expertise fournie par la présence de la rédaction française de L’Année philologique, revue bibliographique internationale de Sciences de l’Antiquité, au sein de l’Université de Lille. Il rend enfin hommage à la mémoire de Pierre Petitmengin, bibliothécaire de la bibliothèque de l’École Normale Supérieure (Paris) et membre éminent de la Société Internationale de Bibliographie Classique (SIBC), décédé en juin 2022, et de Marie-Odile Goulet-Cazé, ancienne présidente de la SIBC, décédée en mars 2023.
Ce colloque constitue le cœur du congrès annuel de la Société Internationale de Bibliographie Classique (SIBC) et des sept rédactions internationales qui collaborent à l’édition de L’Année philologique (par ordre chronologique de création, France, États-Unis, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, Grèce), avec leurs antennes (Chine et Japon). Outre les communications scientifiques délivrées par des intervenants invités par le comité d’organisation, est prévue une conférence de clôture à l’intention d’un plus vaste public (étudiants, enseignants-chercheurs et chercheurs en Sciences de l’Antiquité, en histoire du livre, en histoire de la documentation, en histoire des institutions, en bibliométrie, ainsi que les personnels des bibliothèques).
Programme
- 8h45-9h10. Accueil
- 9h10-9h30. Introduction
- 9h30-10h. Daniel Delattre (CNRS)
« La Bibliothèque de la “Villa des Papyrus” à Herculanum. Un cas unique de bibliothèque antique conservée »Dans le cadre du Congrès de Lille sur les bibliothèques passées et présentes, il ne sera pas sans intérêt de partir de ce qu’on l’on sait aujourd’hui de la Bibliothèque de l’épicurien Philodème de Gadara, retrouvée peu après 1750 sur le golfe de Naples lors de fouilles souterraines. Menées à la demande du roi Bourbon de Naples, le futur Charles III d’Espagne, elles ont permis de localiser et de fouiller la riche Villa dite “des Pisons”. C’est là un cas unique, celui d’une bibliothèque retrouvée (carbonisée) dans la pièce où elle était rangée au moment de l’éruption du Vésuve (79 de n.è.) qui nous en apprend beaucoup sur le mode de stockage des livres-rouleaux (et leur contenu) dans l’Antiquité gréco-romaine.
- 10h00-10h30. Sebastian Marshall (Christ’s College, University of Cambridge)
« Reading, Researching and Recording Classical Antiquity in Victorian Garrison Libraries »In the past couple of decades, a growing number of scholars have sought to explore the historical, textual, material, and theoretical interactions between classics and imperialism (e.g. Bradley 2010, Vasunia 2013), which may be seen as part of a wider critical engagement with the concept of “the archive” across the humanities. This paper seeks to add to this scholarship from a bibliographical perspective by turning to the institution of ‘garrison libraries’ which were situated in dozens of military centres throughout the British colonies in the nineteenth century. Recently Sharon Murphy has discussed Victorian garrison libraries in the context of class politics and literacy rates (Murphy 2016), but the focus of this study is on their holdings devoted to Ancient History, Classics, Archaeology, History of Ancient Art, Ancient Philosophy, and travel to ancient sites. In the first instance, this paper presents the results of a statistical comparison of a sample of nineteenth-century garrison library catalogues to give a sense of the prevalence and popularity of texts pertaining to Greco-Roman antiquity. Secondly, it reviews discussions of garrison libraries which mention classical texts in contemporary military reports, newspapers, periodicals, guidebooks, and travelogues. This second part of the paper has a particular focus on the British Garrisons at Gibraltar, Malta, and Corfu, which often served as stopping points for travellers and tourists en route to classical sites around the Mediterranean. Through this survey of the ways books about the ancient world were collected, catalogued and consulted in these centres of imperial control, this paper broadens the scope of bibliographic research beyond centres of higher education, and makes a case for the understudied importance of garrison libraries for the development of archaeological and historical research and travel in the Mediterranean.
- 10h30-10h45. Discussion
Pause - 11h00-11h30. Christophe Hugot (U. Lille)
« La Bibliothèque des Sciences de l’Antiquité : une institution lilloise quadragénaire »Cette communication a pour objet de présenter la Bibliothèque des sciences de l’Antiquité, qui fête ses 40 ans en 2023. Née en 1983 du regroupement de plusieurs fonds documentaires de l’Université de Lille, la BSA a d’abord été une bibliothèque liée à la pédagogie avant de prendre son essor pour devenir un outil indispensable à la fois pour la formation et la recherche en sciences de l’Antiquité à l’Université de Lille. S’appuyant sur une forte tradition lilloise en études classiques, dont les collections de la bibliothèque portent témoignage, la BSA est aujourd’hui une institution dynamique, reconnue, labellisée CollEx en Antiquité, devenue le Siège de la Rédaction française de L’Année Philologique en 2015.
- 11h30-12h00. Sébastien Dalmon (Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne)
« Du CADIST à CollEx-Persée : vers une dynamique plus large de travail en réseau. L’exemple des Sciences de l’Antiquité à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) »Le dispositif national des CADIST (centres d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique), qui visait essentiellement à l’achat de documentation papier spécialisée dans des domaines spécifiques et à sa mise à disposition à l’échelle nationale par le biais du prêt entre bibliothèques, a été remplacé en 2018 par un dispositif plus large et se voulant plus dynamique, sous l’égide du nouveau GIS (Groupement d’intérêt scientifique) CollEx-Persée. À la BIS, pour les Sciences de l’Antiquité, cela s’est traduit par un développement plus large du travail en réseau : plan de conservation partagée des périodiques ; réalisation d’acquisitions globalisées à l’échelle nationale de ressources électroniques ; initialisation d’une cartographie documentaire ; déploiement de projets, pilotés par la BIS ou d’autres établissements. Ces derniers ont notamment permis un rapprochement avec le réseau de la Fédération et Ressources sur l’Antiquité (FRANTIQ) du CNRS (RefDivinités, ArchéoAL), le réseau Mir@bel (Rev@ntiq) ou des entreprises bibliographiques pilotées par des chercheurs (Bulletin épigraphique numérique).
- 12h00-12h15. Discussion
Pause - 14h-14h30. Mathilde Romary (Université de Lorraine)
« De la bibliothèque aux vitrines. Des collections pour l’enseignement de l’archéologie »En 1876 est fondée la chaire d’archéologie classique de la Sorbonne, qui marque l’entrée de cettediscipline à l’Université, en France. Durant les années qui suivent, cet enseignement se développe, de manière inégale toutefois, dans les facultés des lettres provinciales. La création de cours et de chaires est accompagnée par l’organisation de collections didactiques : ouvrages illustrés, clichés et plaques de verre appuient et illustrent le discours du professeur. De véritables musées sont peu à peu installés, certains donnant à voir des objets archéologiques rassemblés en un antiquarium, qui permettent aux étudiants d’observer et de manipuler des témoins directs de l’Antiquité. Tout ce processus découle et participe de l’institutionnalisation de l’archéologie ; il se met en marche grâce à l’effort de l’État en faveur de la modernisation de l’Université française, qui se manifeste à travers les grands chantiers de reconstruction et de réaménagement des facultés, les crédits alloués pour ouvrir des cours et acquérir des collections ou encore par la mise en dépôt de céramiques, terres cuites et autres artefacts antiques.
- 14h30-15h. Brice Rosier-Laperrousaz (Académie de Lyon)
« Aux origines de la bibliothèque de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée de Lyon »Inaugurée en 1995, la bibliothèque de la MOM est l’héritière des fonds documentaires des multiples bibliothèques d’instituts de recherche en études anciennes qui se sont développés tout au long du XXe s. L’étude de ces fonds permet de saisir un siècle d’évolution des pratiques en bibliothèques de recherche, de l’essor autonome et centrifuge – fruit d’initiatives individuelles – à une progressive rationalisation aboutissant à une institutionnalisation sur le modèle des Maisons des Sciences de l’Homme.
- 15h00-15h30. Cécile Martini (bibliothèque de l’École française de Rome)
« Accompagner les Sciences de l’Antiquité depuis 1875 : le rôle de la collection documentaire de la bibliothèque de l’École française de Rome sur le territoire romain »Fondée en 1873 comme une antenne de l’École française d’Athènes pour que les jeunes chercheurs puissent se frotter de culture latine avant de rejoindre la Grèce, l’École française de Rome prend son autonomie en 1875. Dès ses premières années de vie elle propose à ses chercheurs, les « membres », une collection d’ouvrages de référence en appui de leurs travaux. Patiemment construite, inscrite dans une unité de lieu (le palais Farnèse) et dans une continuité scientifique qui ne s’est jamais démentie (notamment via une politique d’échanges très active depuis les années 1880), la collection documentaire qui compte aujourd’hui plus de 210 000 références est depuis toujours une ressource essentielle pour les chercheurs en Sciences de l’Antiquité, qu’ils soient épigraphistes, numismates, archéologues ou historiens des périodes anciennes, et la bibliothèque reste un passage obligé pour qui vient aujourd’hui travailler à Rome sur ses disciplines. La volonté d’ouverture de L’École dans les années soixante ainsi que son insertion dans le réseau des instituts archéologiques étrangers installés à Rome (Unione) ont naturellement élargi le public de la bibliothèque, désormais largement constitué d’universitaires romains, italiens et européens dont les besoins documentaires contribuent à enrichir et façonner la collection, lui conférant une place à part dans les bibliothèques de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
- 15h30-15h45. Discussion
Pause - 16h-17h. Filippo Ronconi (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
Conférence : « Textes, supports et contextes: réflexions sur la conservation et la perte des textes dans le monde byzantin à l’époque moyenne »La période byzantine moyenne (IXe-XIIe siècles) a été caractérisée par une série de phénomènes fondateurs en ce qui concerne la préservation et à la perte des œuvres anciennes. Après ce que l’on appelle (suivant Paul Lemerle) le “premier humanisme”, au cours duquel une sensibilité philologique et antiquaire marquée conduisit à la découverte de nombreuses textes, à leur translittération de la majuscule à la minuscule, et parfois à la réalisation d’éditions soignées, une tendance à l’‘anthologisation’ contribua peut-être à leur perte. Cette période, pourtant culturellement florissante, s’est achevée par la catastrophe de la quatrième croisade (1204), qui a constitué, du point de vue de l’histoire des textes, une grave césure. La conférence retracera ces phénomènes, en accordant une attention particulière aux aspects matériels de la transmission des textes et aux contextes socioculturels dans lesquels elle s’est déroulée.
Comité d’organisation
Christophe Hugot (U. Lille, RAPh & UMR 8164 HALMA)
Charles Delattre (U. Lille, UMR 8164 HALMA)
Rémi Auvertin (U. Lille, RAPh & UMR 8164 HALMA)
Comité scientifique du colloque
Christian Jacob (EHESS, UMR 8210 ANHIMA)
Pierre Chiron (SIBC)
Florence Le Bars-Tosi (U. Lille, UMR 8164 HALMA)
Ruth Webb (U. Lille, UMR 8163 STL)
Jean-François Condette (U. Lille, UMR 8529 IRHIS)
Iegor Groudiev (Directeur des bibliothèques, ENS-PSL)
Renseignements pratiques
« L’Antiquité en réserve. Livres, collections, bibliothèques, institutions »
Colloque international organisé par la Rédaction française de L’Année philologique
réalisé avec le soutien de la SIBC, de la Faculté des Humanités de l’Université de Lille, de la Fondation Université de Lille, du laboratoire STL UMR 8163 et du laboratoire HALMA UMR 8164.